Le Mouflon de Dall et de Stone (Ovis
Dalli)
Description : Le mouflon de Dall est une
espèce
que l'on ne trouve que dans le nord-ouest du Canada et en Alaska. Il
est
le proche cousin du mouflon des neiges de la Sibérie. Le mouflon
de Dall, de couleur blanche, se trouve en Alaska et dans certaines
parties
du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et de la Colombie-Britannique.
Au Yukon, le mouflon de Stone, plus foncé que le mouflon de
Dall,
a une aire de répartition plus petite que celui-ci, et on le
trouve
dans la majeure partie du nord de la Colombie-Britannique. Le mouflon
de
Dall est blanc alors que le mouflon de Stone a une fourrure grise,
brune
ou noire et le museau, le ventre et la croupe de couleur blanche. Il
peut
sembler étrange qu'il y ait une aussi grande
variété
de couleurs dans une même espèce, mais cela s'explique
lorsqu'on
analyse l'histoire du Yukon. Lors du dernier retrait des glaces,
celles-ci
ont séparé des populations de mouflons. Les populations
se
trouvaient alors dans des habitats tout à fait
différents.
Certaines bêtes habitaient les régions alpines près
de grandes rivières de glace où la neige était
abondante;
d'autres occupaient des régions montagneuses et boisées,
à plus faible altitude. Le mouflon de Dall se confondait
à
l'environnement alpin et neigeux, tandis que le mouflon de Stone se
confondait
à l'environnement boisé. Les bêtes qui ne se
confondaient
pas à leur environnement étaient plus vulnérables
aux attaques de prédateurs, et c'est pourquoi les deux formes
ont
divergé.
Aujourd'hui, le mouflon du Yukon passe la gamme de couleurs,
allant
du blanc au noir. Toute combinaison de couleurs est possible au centre
du Yukon. Il s'agit de l'endroit où les aires de
répartition
du mouflon de Dall et du mouflon de Stone se chevauchent. Un exemple
frappant
de mélange de couleurs est le mouflon de fanin ou mouflon
à
dos noir de la région de Faro. Il arbore une «selle»
foncée sur un pelage blanc. Toutes ces variations de couleurs
rendent
difficile la classification de mouflons dans une ou deux
catégories
de base. En ce moment, tous les mouflons de couleur sont classés
sous la sous-espèce du mouflon de Stone, et c'est pourquoi la
population
du mouflon de Stone semble être en expansion.
Le bélier et la brebis ont des cornes courbées
de couleur
ambrée. Les cornes de la brebis sont légèrement en
retrait et plutôt courtes. Les cornes du bélier adulte
sont
courbées vers l'arrière, puis vers le bas avant de monter
dans une spirale évasée. La longueur totale d'une corne
de
bélier peut atteindre un mètre. Le mouflon de Dall
mâle
a les cornes beaucoup plus minces que le mouflon d'Amérique.
Le mouflon des montagnes du Nord est plus léger que
le mouflon
d'Amérique. Il pèse jusqu'à 115 kg, soit environ
les
deux tiers du poids du mouflon d'Amérique. Le mouflon de Stone
mâle
est habituellement plus lourd que le mouflon de Dall et a des cornes
légèrement
plus longues. La brebis est 20 % plus petite que le bélier et
pèse
deux fois moins.
Répartition : De la frontière sud,
jusqu'à
proximité de la côte arctique, plus de 22 000 mouflons de
Dall et de Stone habitent les sommets du Yukon. Il y a environ six fois
plus de mouflons de Dall que de mouflons de Stone. Le premier est
abondant
au sud-ouest du fleuve Yukon, mais est plus rare et plus
éparpillé,
au nord du fleuve, surtout dans la région du centre du
Yukon.
Le mouflon de Stone se concentre dans de petits groupes au sud, mais
est plus dispersé dans la partie nord de son aire qui
s'étend
en forme de langue, de la frontière de la Colombie-Britannique
jusqu'au
centre du Yukon. On voit de plus en plus de mouflons de Stone là
où, autrefois, on ne trouvait que des mouflons de Dall.
Au fil des saisons : Le mouflon de Dall passe
le court
été à brouter dans les alpages près des
sommets.
En juillet et en août, il se nourrit d'herbes de choix, de carex
et de plantes herbacées à feuilles larges et juteuses.
Durant
cette période, il se constitue des réserves car il ne
peut
trouver de la nourriture en tous temps en hiver.
À la fin d'août et en septembre, les mouflons
se rendent
à leurs aires d'hivernage qui peuvent être à courte
ou à longue distance. D'une génération à
l'autre,
ils se servent des mêmes routes migratoires, se
déplaçant
tranquillement en région alpine, mais rapidement dans les
vallées.
Lorsqu'un mouflon quitte la sécurité des montagnes
escarpées,
il est exposé aux attaques des loups, des coyotes et des
grizzlis.
Les aires d'hivernage des mouflons de Dall et de Stone sont
situées
sur le versant sud des montagnes, à faible altitude. Ils peuvent
y passer près de 9 mois sur 12. Le mouflon de Dall occupe
habituellement
les alpages au-delà de la limite des arbres alors que le mouflon
de Stone fréquente les régions boisées et
broussailleuses.
Dans les deux cas, les aires d'hiver comprennent des talus
d'éboulis
et des falaises accidentées pour qu'ils puissent s'y
réfugier
en cas de danger et durant la période d'agnelage.
Étant donné que le mouflon est un brouteur, il
doit se
nourrir d'herbes et d'autres plantes qu'il trouve sous la neige. Il
peut
creuser dans la neige jusqu'à une profondeur de 30 cm, mais il
compte
sur les vents forts pour garder les pentes libres de neige
épaisse.
Les périodes de gel et de dégel ainsi que les chutes de
neige
humide peuvent empêcher le mouflon d'atteindre les plantes sous
la
croûte de neige. Si les brebis n'ont pas assez de nourriture
durant
l'hiver, elles n'ont pas de petits et la population diminue.
Au printemps et au début de l'été, le
mouflon fréquente
les salines pour reconstituer ses réserves de
microéléments
perdues durant l'hiver. Il passe des jours et même des semaines
avant
de se rendre aux endroits dépourvus de neige et où il y a
de nouvelles pousses dans son aire alpine d'été.
Le printemps amène également une nouvelle vie
en flanc
de montagne. En mai et en juin, les femelles gestantes se rendent aux
aires
d'agnelage sur les falaises escarpées. Elles y passent de trois
à quatre semaines jusqu'à ce que tous les agnelets soient
nés. Ensuite, elles remontent, avec leurs petits, jusqu'aux
aires
d'été.
La vie du mouflon de Dall : Le mouflon de
Dall est un
animal sociable qui évite les conflits entre les rangs en
respectant
une hiérarchie fondée sur la taille des cornes. Le
bélier
dont les cornes sont les plus imposantes est à la tête de
la hiérarchie et traite les autres comme des subalternes, peu
importe
leur âge et leur sexe. Chaque mouflon a sa place et les choses
vont
rondement tant et aussi longtemps que nul ne tente de gravir des
échelons.
La bande de béliers
Les béliers de trois ans et plus se regroupent et
demeurent ensemble
la plus grande partie de l'année. Souvent, ils sont à la
recherche de pâturages d'été au-delà de ceux
des brebis et des jeunes. De plus, ils se mêlent aux autres
mouflons
dans les aires d'hiver durant un mois ou deux seulement. Des
confrontations
pour la dominance peuvent se produire à tout moment de
l'année,
mais sont les plus féroces durant le rut, en novembre et en
décembre.
Les jeunes béliers gravissent lentement les échelons et
ont
de cinq à sept ans lorsqu'ils ont des cornes suffisamment
imposantes
pour rivaliser avec un bélier dominant. Le mouflon de Dall et de
Stone n'est pas aussi agressif que le mouflon d'Amérique, mais
les
béliers dominants mettent quand même beaucoup d'efforts
à
défendre leur harem contre les aspirations des autres
béliers.
Ceux-ci vivent rarement jusqu'à l'âge de 12 ans, alors que
les brebis peuvent vivre jusqu'à 16 ans.
La bande de brebis et d'agneaux
Les brebis, les jeunes béliers et les agneaux
demeurent ensemble
à l'année et ont peu de contacts avec la bande de
béliers,
sauf en hiver.
À la naissance, les agnelets pèsent environ
trois kilogrammes.
Ils courent et s'amusent après seulement quelques jours, mais
peuvent
être victimes du froid, d'accidents ou d'attaques d'aigles. Ils
apprennent
rapidement à se nourrir de nouvelles pousses d'herbes et
à
se fier à leurs propres moyens pour fuir. Sous l'oeil attentif
des
brebis qui broutent et se reposent, les agneaux montent les falaises en
courant et descendent les talus d'éboulis, à
l'intérieur
du cercle formé par les brebis. De cette façon, ils
renforcent
leurs os et leurs muscles et s'exercent pour les vraies fuites. Par le
jeu, les agneaux trouvent leur place dans la hiérarchie,
beaucoup
plus bas que la brebis dominante.
Alors que la bande de brebis et d'agnelets se rend à
l'aire d'été,
les agneaux apprennent à reconnaître les routes et
commencent
à se nourrir davantage d'herbes et de carex. Lorsqu'ils sont
sevrés
en automne, les agneaux pèsent dix fois plus qu'à la
naissance.
Le mouflon de Dall et les humains : Depuis
toujours,
le mouflon de Dall est recherché pour sa viande
délicieuse.
Les autochtones le chassaient à l'aide de flèches ou
tendaient
des collets de babiche aux endroits de passage étroit et les
rabattaient
vers le piège.
Il était difficile et dangereux de chasser les
bêtes des
montagnes, alors les chasseurs d'antan et leurs femmes suivaient des
règles
strictes. Certains chasseurs ne mangeaient que de la nourriture froide
la journée précédant la chasse. Lorsqu'ils
chassaient
le mouflon près des sommets, leur femme ne se peignait pas parce
qu'elle croyait que cela pouvait faire tomber leur époux de la
montagne.
D'autres femmes ne mangeaient pas de nourriture chaude ou ne
chauffaient
pas d'eau durant la chasse au cas où la neige fonderait et
provoquerait
une avalanche qui emporterait leur époux.
Le mouflon était si important à la survie de
ces gens
qu'une légende raconte que durant la Grande Inondation, le
couple
qui a survécu a installé un collet et y a pris un mouflon
durant le retrait des eaux.
En plus de manger la viande, les autochtones fabriquaient
des couvertures,
des vestons et des pantalons d'hiver avec la toison de mouflon ainsi
que
des cuillères et des plats à partir des cornes des grands
béliers.
Au cours de la Ruée vers l'or, la foule de
prospecteurs et de
chasseurs, qui fournissaient de la viande aux nouveaux
établissements,
ont pratiquement décimé les populations de mouflons. Plus
tard, les équipes de construction de la route de l'Alaska ont
abattu
un grand nombre de mouflons dans le sud-ouest du Yukon.
Aujourd'hui, le mouflon de Dall s'est remis des ravages et
des milliers
de spécimens sont protégés dans des
réserves
comme celle du parc national Kluane. Toutefois, étant
donné
que le mouflon se sert des mêmes routes migratoires et des
mêmes
aires d'alimentation d'une génération à l'autre,
les
populations non protégées demeurent vulnérables
à
la perturbation et à la destruction de l'habitat.
Le mouflon, en particulier celui de fanin, est probablement
le trophée
le plus convoité en Amérique du Nord et le pilier des
pourvoiries
de chasse au gros gibier au Yukon. Également, de plus en plus de
personnes pratiquent la chasse photographique ou l'observation des
bêtes,
simplement ravis d'avoir été témoins de la magie
des
montagnes qu'évoquent les mouflons.
Observation : Les voyageurs routiers ont
d'excellentes occasions
de voir le mouflon de Dall et de Stone dans ses aires d'alimentation.
Un
des meilleurs endroits est le mont Sheep dans la réserve de parc
national Kluane. Environ 200 mouflons de Dall y vivent et
fréquentent
le versant nord de septembre à mai. La route de l'Alaska longe
les
pieds de montagne et offre d'excellentes occasions d'observation. Il
est
facile de repérer le mouflon lorsqu'il y a absence de neige,
mais
plus difficile après une chute de neige. Essayez de
repérer
des protubérances jaunâtres sur les crêtes et les
pentes
à découvert.
Plusieurs routes secondaires permettent l'accès
à un autre
«mont Sheep», tout juste à l'est de Faro. Il s'agit
de l'aire d'hiver d'environ 90 mouflons de fanin et du seul endroit
où
il est possible d'observer de près les mouflons de couleur.
Durant
l'été, on peut se servir de jumelles pour observer le
mouflon
de Dall sur les collines derrière le camping du lac Kusawa,
près
de la route de l'Alaska. En juin, sur la route Dempster, une saline
près
du ruisseau Engineer, le long de la route, est un endroit de
prédilection
pour l'observation de mouflons de Dall. À cet endroit, il est
facile
d'observer les béliers majestueux.
Les rafteurs peuvent voir le mouflon de Dall à partir
de la rivière
Firth, dans le nord du Yukon. D'autres voyageurs de rivière
peuvent
voir à distance des mouflons en montagne. Il est
conseillé
d'apporter des jumelles et d'observer les pentes de temps à
autres.
Durant l'été, ce sont les randonneurs qui ont
le plus
de chance d'apercevoir le mouflon de Dall et de Stone pendant qu'il se
nourrit dans les alpages. Il est facile d'observer le mouflon sur des
pentes
à végétation basse, au-delà de la limite
des
arbres. Les mouflons non protégés sont très
méfiants
et farouches mais les mouflons protégés deviennent
apprivoisés
et peuvent poser pour la photographie rêvée. Les
randonneurs
ne doivent pas déranger les bandes de femelles et d'agneaux car
elles tentent de dépenser judicieusement leurs réserves
d'énergie.
Si vous êtes à pied, la réserve de parc national
Kluane
est le meilleur endroit d'observation.
Identification : L'observation à l'oeil
nu d'une
bête dont les cornes ont une spirale complète confirme
qu'il
s'agit d'un mouflon de Dall ou de Stone, mais lorsque la bête est
en haute montagne, l'identification est plus difficile. Si la
bête
est blanche et que vous vous trouvez dans le sud-ouest du Yukon ou dans
les monts Logan, il s'agit peut-être d'une chèvre de
montagne.
Pour vous assurer qu'il s'agit d'un mouflon de Dall ou de
Stone, vérifiez
les caractéristiques suivantes.
Cornes
Les cornes de mouflon sont ambrées et courbées
vers l'arrière.
Les cornes de chèvre sont des dagues noires, courbées
vers
l'arrière près des pointes seulement.
Pelage
Le mouflon a un pelage laineux et court qui peut être
blanc, gris,
brun ou une combinaison de ces couleurs. La chèvre de montagne a
un pelage blanc et long qui descend à mi-patte.
Bosse
Contrairement à la chèvre de montagne, le
mouflon n'a
pas de bosse protubérante au-dessus des épaules.
Source
environnement Canada
: http://hww.ca/fr/
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