Description : L’orignal mâle adulte, doté de son panache complet, est l’animal le plus imposant de l’Amérique du Nord. Sa taille, mesurée au garrot, dépasse celle des plus grands chevaux de selle. Les gros mâles pèsent jusqu’à 600 kg dans la majeure partie du Canada et jusqu’à 800 kg pour la sous-espèce géante de l’Alaska et du Yukon. L’orignal est le plus grand des cervidés, famille également représentée en Amérique du Nord par le wapiti, le cerf de Virginie, le cerf-mulet et le caribou. L’orignal (Alces alces) a les pattes longues et fines, qui se terminent par des sabots fourchus mesurant souvent plus de 18 cm de longueur. Ses épaules sont voûtées et les muscles massifs qui s’y attachent le font paraître bossu. Il a les flancs plats, la croupe basse et plutôt mince et la queue courte et fournie. Sa tête est massive et compacte, avec un museau long et arqué se terminant par une lèvre supérieure saillante et flexible, qui lui confère un air de tristesse. Ses oreilles ressemblent à celles de la mule, bien que moins longues. Sous la gorge de la plupart des orignaux pend un fanon de peau velue qui peut atteindre jusqu’à 30 cm de longueur. La robe de l’orignal va du brun foncé, presque noir, au brun rougeâtre ou grisâtre; les pattes sont guêtrées de gris ou de blanc. À la fin de l’été et à l’automne, le mâle adulte porte un immense panache, parfois presque blanc, dont l’envergure atteint le plus souvent de 120 à 150 cm d’une extrémité à l’autre mais qui peut parfois dépasser 180 cm. Les lourdes perches centrales, appelées merrains, s’élargissent pour former des palettes qui sont couronnées d’un certain nombre de pointes mesurant normalement moins de 30 cm. Des protubérances peuvent se former sur le front du jeune mâle dès sa première année d’existence. Les bois commencent à pousser au milieu de l’été. Au cours de leur croissance, ils sont tendres et spongieux, irrigués de vaisseaux sanguins et couverts d’une peau veloutée. Ils atteignent leur pleine envergure fin août ou début septembre et deviennent alors durs et osseux. Le velours s’assèche et les mâles le frottent contre des troncs d’arbre pour s’en débarrasser. Les plus jeunes orignaux conservent parfois leurs bois jusqu’en avril, mais les plus âgés les perdent généralement en novembre. Chez les jeunes d’un an, les bois sont habituellement de simples dagues. L’année suivante, ils deviennent plus gros et ramifiés, ordinairement en s’aplatissant aux extrémités. Les nouveaux bois qui poussent chaque été tombent à l’automne. Le cri du petit n’est qu’un faible grognement qui ne tarde cependant pas à se transformer en un meuglement strident à résonance presque humaine. Pendant la saison de reproduction, ou période du rut, les femelles poussent des bramements nasillards pour inviter les mâles à les rejoindre. Les mâles répondent par un mugissement éraillé. Habitat : L’orignal fréquente les pentes boisées et rocheuses des chaînes de montagnes de l’Ouest, les parages d’un demi-million de lacs, muskegs et cours d’eau de la grande forêt boréale, et même la toundra du nord du pays et les prairies-parcs des provinces des Prairies. L’orignal supporte très bien le froid, mais souffre de la chaleur. Durant l’été, surtout en pleine saison des moustiques, il peut passer plusieurs heures par jour dans l’eau. L’orignal est très à l’aise dans l’eau. Il plonge parfois à 5,5 m ou plus pour extirper des plantes au fond d’un lac ou d’un étang, et il peut nager sur 19 km. De tous les cervidés nord-américains, seul le caribou est un nageur plus puissant. Très tôt, le petit est capable de suivre sa mère à la nage sur une grande distance, posant à l’occasion son museau sur le dos maternel pour y prendre appui. Caractéristiques uniques : L’orignal a une vue très faible, mais cette lacune est compensée par ses sens de l’odorat et de l’ouïe. Sa formidable force physique et sa grande énergie lui permettent de se déplacer sur presque tous les types de terrain. Grâce à ses longues pattes, l’orignal peut circuler aisément parmi les arbres tombés et dans la neige, là où le cerf et le loup n’oseraient pas s’aventurer. Ses sabots fourchus et ses ergots, en s’écartant, lui procurent une plus grande surface d’appui lorsqu’il circule sur le sol mou des muskegs et dans la neige. Lorsque l’orignal est effrayé, il lui arrive de s’enfoncer avec fracas dans le sous-bois. Pourtant, malgré sa taille imposante, même un mâle adulte panaché peut se déplacer dans la forêt dense presque aussi silencieusement qu’un chat. Avant de s’étendre pour se reposer, il va ordinairement avancer contre le vent pendant un certain temps, puis revenir en arrière en traçant un cercle partiel. De cette façon, les prédateurs qui suivent sa piste doivent s’approcher dans le sens du vent. Les chasseurs habiles savent quand ils doivent arrêter de suivre la piste d’un orignal pour se diriger plutôt contre le vent et tenter de le surprendre où il s’est caché. Aire de répartition : L’orignal occupe la forêt canadienne des frontières de l’Alaska jusqu’à la pointe est de Terre-Neuve et du Labrador. Au Canada, les effectifs de l’espèce atteindraient entre 500 000 et un million d’individus. L’aire de répartition de l’orignal au Canada a beaucoup changé depuis l’arrivée des colons européens. On trouve actuellement cette espèce à de nombreux endroits où elle était absente avant la colonisation, notamment dans le centre-Nord de l’Ontario et le Sud de la Colombie-Britannique, où les populations sont maintenant nombreuses. Au Québec, ce n’est que récemment que l’orignal s’est répandu sur la côte nord du golfe du Saint-Laurent. Sur l’île de Terre-Neuve, les quelques couples qui y ont été introduits au début des années 1900 sont à l’origine des importantes populations que l’on y trouve à l’heure actuelle. De plus en plus, l’orignal se déplace vers le nord, dans la forêt clairsemée de transition qui précède les grands espaces dénudés de la toundra. Alimentation : Quand vient l’été, l’orignal agrémente son menu de feuilles, de quelques plantes des hautes terres et de grandes quantités de plantes aquatiques là où il en trouve. Un adulte de bonne taille mange quotidiennement de 15 à 20 kg (poids frais) de rameaux en hiver et de 25 à 30 kg de matières végétales diverses (rameaux, feuilles, arbrisseaux, plantes des hautes terres et plantes aquatiques) durant la belle saison. Il extirpe aussi des nénuphars et d’autres plantes aquatiques du fond de l’eau. En juin et en juillet, les orignaux se réunissent autour d’affleurements salins, habituellement situés dans de petites dépressions où il y a de l’eau stagnante riche en minéraux. À cette saison, ils se nourrissent abondamment de feuilles et semblent avoir besoin de plus de minéraux. Les orignaux migrent vers les vallées où les saules abondent ou vers d’autres terrains où ils peuvent se nourrir à proximité de la forêt. Le régime d’hiver se compose surtout de rameaux de sapin baumier, de peuplier, de cornouiller stolonifère, de bouleau, de saule, d’érable rouge et d’érable de Pennsylvanie, mais aussi de petites quantités de nombreux autres arbres et arbustes. L’hiver est, pour les orignaux, une saison de famine. Ils réduisent leur consommation de nourriture et limitent leurs activités pour ménager leurs énergies. Quand la nourriture se fait rare, comme c’est souvent le cas à l’approche du printemps, les orignaux s’attaquent à l’écorce des arbres, en particulier celle des peupliers. Avant la colonisation, la jeune repousse forestière dans les brûlis fournissait aux orignaux les grandes quantités de rameaux dont ils avaient besoin pour se nourrir. La colonisation a amené avec elle la lutte contre les feux de friche, et même si ceux-ci n’ont pas été complètement éliminés, c’est maintenant la coupe à blanc qui, en majeure partie, assure le renouvellement de la forêt et constitue pour les orignaux une source de nourriture. Là où les prédateurs et les chasseurs sont rares, les orignaux peuvent devenir trop nombreux et ne plus trouver suffisamment de nourriture. Beaucoup, alors, meurent de faim. Tous sont affaiblis par le manque de nourriture et deviennent plus vulnérables aux prédateurs et aux maladies. Des densités de 135 bêtes sur 10 km2 ont été observées dans le parc provincial Wells Grey, en Colombie-Britannique. Les cerfs, les wapitis, les lièvres et même les castors disputent à l’orignal sa nourriture. Reproduction : Polygame à l’occasion, l’orignal est plutôt enclin à rester avec la même femelle pour la plus grande partie de la saison de reproduction, qui commence à la mi-septembre. L’abondance de la nourriture accroît le succès de la reproduction. Dans un habitat propice, plus de 90 p. 100 des femelles deviennent gravides et jusqu’à 30 p. 100 portent des jumeaux; les triplets sont très rares. En période de disette, toutefois, le pourcentage des femelles gravides peut tomber à 50 p. 100 et la naissance de jumeaux devient exceptionnelle. À sa naissance, le petit n’est qu’une menue copie peu gracieuse de sa mère. S’il s’agit d’un jumeau, il peut peser 6 kg, sinon son poids varie entre 11 et 16 kg. Le petit naît sans défense. Sa mère le cache de ses nombreux ennemis dans un fourré ou sur une île pendant quelques jours. Chez les espèces faisant partie du gros gibier de l’Amérique du Nord, le petit de l’orignal est celui dont la croissance est la plus rapide. Au cours du premier mois, il peut prendre plus de 500 g par jour et, plus tard dans l’été, plus de 2 kg par jour pendant un certain temps. Quelques jours à peine après sa naissance, le jeune court déjà plus vite qu’un humain et nage avec facilité. Les jeunes restent avec leur mère jusqu’à ce qu’elle mette bas à nouveau le printemps suivant; elle les chasse alors, ce qui est sûrement une dure expérience pour les petits. Conservation : Les loups et les ours s’attaquent à l’orignal. On sait que l’ours noir et le grizzli capturent souvent les petits de l’orignal au cours des premières semaines suivant la mise bas. En outre, il est facile pour un grizzli de tuer un adulte. Le loup tue aussi de nombreux jeunes et s’attaque aux adultes pendant toute l’année, l’orignal étant sa proie principale sur la majeure partie de son aire de répartition au Canada. Capturer un orignal mâle en santé n’est cependant pas chose facile; c’est même souvent une entreprise périlleuse. Seulement une confrontation sur douze environ se termine par la capture de l’orignal. À cause des coups de sabot qu’ils reçoivent, il n’est pas rare que les loups ressortent de ces confrontations avec des fractures et même qu’ils y trouvent la mort. En hiver, les loups chassent habituellement en meutes. Dans la neige épaisse et croûtée ou sur la glace vive, une meute de loups peut facilement venir à bout d’un orignal. Les loups courent habituellement aux côtés de leur proie et déchirent la chair tendre de ses flancs jusqu’à ce que la perte de sang l’affaiblisse. Les loups finissent par capturer presque tous les orignaux. Le carcajou (Wolverine) s’attaque aussi parfois aux petits. En outre, là où l’orignal et le couguar coexistent, ce dernier capture un nombre important de petits et de jeunes d’un an. Les orignaux meurent rarement de vieillesse. L’orignal est souvent porteur de tiques, particulièrement à la fin de l’hiver, ce qui peut l’affaiblir gravement, non seulement à cause de la perte de sang mais aussi en raison de la déperdition de chaleur, car il arrache une bonne partie de ses poils en se frottant. Il est également l’hôte de parasites internes comme l’hydatide — un petit ver plat —, surtout lorsque le manque de nourriture et l’infestation de tiques diminuent sa résistance. Une maladie parasitique grave de l’orignal est causée par le nématode des méninges, qui attaque les méninges ou membranes entourant le cerveau et la moelle épinière. Parasite du cerf de Virginie qui s’est adapté à l’orignal, ce ver tue beaucoup d’orignaux dans les régions où les deux cervidés coexistent. Au Canada, l’orignal constitue une ressource économique importante. Sa chasse a des retombées économiques évaluées à plus de 500 millions de dollars par année, en plus de fournir de grandes quantités de nourriture aux Autochtones et à d’autres populations rurales. L’orignal représente, en outre, un attrait majeur pour les visiteurs qui se rendent dans des parcs et d’autres espaces sauvages pour observer la nature. Pour prévenir la sous-alimentation, la maladie et la destruction de la végétation, les populations d’orignaux doivent être maintenues sous un certain niveau correspondant à la nourriture disponible. Dans les régions surpeuplées d’orignaux, les forestiers constatent que la régénération de la forêt est sérieusement entravée, ce qui peut réduire considérablement les récoltes de bois ainsi que l’habitat de nidification des oiseaux chanteurs, qui construisent leur nid dans les arbrisseaux feuillus. L’orignal réagit bien aux modifications
apportées à
son habitat par l’abattage des arbres ou le brûlage
dirigé,
pourvu que l’on conserve une variété de zones
dégagées
et de massifs de gros arbres où il peut trouver abri. De nos
jours,
la gestion de l’orignal au Canada s’appuie sur des méthodes
éprouvées,
comme les dénombrements aériens, les inventaires des
habitats
et les études scientifiques sur les taux de reproduction et la
survie
des petits. L’orignal s’accommode bien de la présence humaine et
il continuera de faire partie du paysage canadien grâce à
une gestion appropriée.
Source environnement Canada : http://hww.ca/fr/ |
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